Le 9 Forum Européen de lutte contre la Fraude : Un Engagement Collectif

Le 7 novembre dernier, dans le cadre prestigieux de l’UNESCO, s’est tenu le 9ᵉ Forum Européen de Lutte contre la Fraude, un événement incontournable organisé en partenariat avec RESOCOM. Avec plus de 150 participants – experts, institutions publiques, entreprises privées et acteurs engagés – cette journée a placé au cœur des débats un thème essentiel : La responsabilité sociétale des entreprises (RSE) dans la protection de l’identité pour une conformité éthique et durable.

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ATELIER 4 : ACCOMPAGNEMENT DES VICTIMES ET ENGAGEMENT SOCIÉTAL

Philippe Dié, président d’OPALHE Euro Group, a introduit l’atelier en insistant sur l’importance de placer les victimes d’usurpation d’identité au centre des préoccupations sociétales. Il a expliqué que ce fléau, en constante augmentation avec la montée de la cybercriminalité, nécessite une approche globale articulée autour de trois axes fondamentaux : la prévention, l’assistance, et la justice. Il a rappelé que ces victimes se retrouvent souvent isolées face à des procédures administratives complexes, à un manque de coordination entre les institutions, et à des délais de traitement inadaptés. Selon Philippe, il est urgent d’initier une synergie entre tous les acteurs concernés pour apporter des réponses concrètes et rapides. 

 
Gilles Berthelot, représentant de Cybermalveillance.gouv.fr, a mis en avant l’importance de la prévention dans la lutte contre l’usurpation d’identité. Il a souligné que la cybersécurité repose sur trois piliers indissociables : humain, organisationnel, et technique. Selon lui, les citoyens restent la première ligne de défense contre les cyberattaques, ce qui explique l’importance d’une sensibilisation massive et continue. Cybermalveillance.gouv.fr a ainsi développé des modules e-learning gratuits, des guides pratiques, et des campagnes de sensibilisation pour éduquer le public sur les bonnes pratiques en ligne. Il a également présenté les résultats de 2023 : plus de 300 000 demandes d’assistance traitées, montrant l’ampleur de la demande pour une aide adaptée. Il a mis l’accent sur le besoin d’anticiper les menaces, rappelant que les attaques numériques évoluent constamment. 
 
Rachel Nakache, avocate spécialisée dans les droits des victimes, a dressé un constat alarmant sur les délais de traitement judiciaire liés à l’usurpation d’identité. Elle a évoqué des cas où des victimes ont dû attendre jusqu’à six ans avant de voir leurs situations résolues, les laissant souvent dans des situations de grande précarité. Maître Nakache a plaidé pour des solutions concrètes, notamment la création d’un fichier national des victimes d’usurpation d’identité, afin de centraliser les cas et d’accélérer les démarches administratives. Elle a également proposé d’introduire un système d’identité alias, permettant aux victimes de continuer leurs activités quotidiennes sans subir les conséquences de leur usurpation. Elle a insisté sur la nécessité de réformer les processus judiciaires pour que les victimes soient reconnues plus rapidement et que les auteurs des infractions soient sanctionnés de manière exemplaire. 

 
Les représentantes de la Banque de France, Hélène Arveiller et Marilyne Decorne, ont ensuite présenté les actions spécifiques de l’institution pour soutenir les victimes injustement fichées au Fichier des Incidents de remboursement des Crédits aux Particuliers (FICP). Elles ont expliqué que, dans de nombreux cas, les victimes se retrouvent fichées suite à des crédits frauduleux contractés par des usurpateurs.  

La Banque de France travaille ainsi à simplifier les démarches administratives pour rétablir leur accès à des services financiers essentiels, notamment le crédit et les comptes bancaires. Elles ont également souligné la nécessité d’une meilleure coordination entre les banques, les assurances, et les autorités publiques, afin de garantir une réhabilitation rapide des victimes, tout en évitant les doubles procédures ou les blocages inutiles. 

 
Maryse Regnier Le Men et Jérôme Bertin, respectivement présidente et directeur général de France Victimes, ont expliqué le rôle crucial de leur réseau de 350 associations dans l’accompagnement des victimes d’usurpation d’identité. Ces associations fournissent une aide globale englobant le soutien juridique, psychologique, et administratif. Maryse Regnier Le Men a rappelé que chaque victime doit être accompagnée avec dignité et respect, soulignant que ces personnes souffrent souvent de traumatismes psychologiques durables. Jérôme Bertin a quant à lui mis en avant l’importance de renforcer les partenariats entre les institutions publiques et les associations pour offrir des solutions coordonnées. Un moment fort de l’atelier a été la signature d’une convention de partenariat entre RESOCLUB EFP et France Victimes, officialisant leur engagement commun pour améliorer l’accompagnement des victimes. 

 
José, victime d’une usurpation d’identité ayant entraîné des crédits frauduleux pour un montant de 200 000 euros, a livré un témoignage poignant sur son combat. Il a décrit un parcours long de 12 ans, marqué par des procédures judiciaires interminables et des blocages administratifs. Malgré tous ses efforts, l’auteur des faits n’a jamais été sanctionné, laissant un sentiment d’impunité et d’injustice. José a également évoqué les séquelles psychologiques et financières qui persistent, rappelant que les victimes doivent souvent se battre seules pour retrouver leur dignité. 

 
Enfin, Marie Azevedo, présidente de RESOCLUB EFP, a clôturé l’atelier en appelant à une mobilisation collective face à l’augmentation de la cybercriminalité. Elle a insisté sur le rôle clé de l’éducation numérique dès le plus jeune âge, pour développer une culture de vigilance et de responsabilisation face aux risques en ligne. Elle a également souligné l’importance d’un engagement commun des entreprises, des institutions publiques, et des associations pour construire des solutions concrètes et durables. Marie a rappelé que les victimes doivent être accompagnées sur tous les fronts : juridique, financier, psychologique, et social. Pour elle, seule une approche intégrée permettra de répondre aux défis actuels et de réduire l’impact de la cybercriminalité sur les individus et la société. 

 
Cet atelier a mis en lumière les différents défis posés par l’usurpation d’identité et les réponses nécessaires pour y faire face. Les contributions des intervenants ont montré que seule une collaboration renforcée entre les acteurs publics, privés, et associatifs peut offrir une réponse efficace. Les principaux axes identifiés incluent : 

  1. La prévention et la sensibilisation, avec les initiatives de Cybermalveillance.gouv.fr. 
  1. Une amélioration des processus judiciaires, avec des propositions comme le fichier national des victimes et l’identité alias portées par Rachel Nakache. 
  1. Le soutien administratif et financier, avec les actions de la Banque de France pour réhabiliter les victimes fichées au FICP. 
  1. Un accompagnement global, avec l’implication des associations comme France Victimes pour offrir une aide juridique, psychologique, et sociale. 
  1. L’engagement sociétal, en intégrant l’éducation numérique et en mobilisant tous les acteurs pour protéger les citoyens et prévenir les futures cyberattaques. 

L’atelier a ainsi réaffirmé l’importance d’une approche coordonnée, alliant prévention, justice, et accompagnement humain pour protéger les victimes et reconstruire leur confiance dans un monde numérique de plus en plus complexe. 

Les intervenants

Marie AZEVEDO

Présidente de RESOCLUB EFP

Philippe DIÉ

Président d’OPALHE EuroGroup    

Gilles BERTHELOT

Représentant de Cybermalveillance.gouv.fr 

José

Victime d’usurpation d’identité 

Rachel NAKACHE

Avocate de victimes d’usurpation d’identité 

Hélène ARVEILLER

Adjointe à la directrice des Services aux Particuliers de la Banque de France 

Maryline DECORNE

Responsable du pôle Relations avec le Public de la Banque de France 

Maryse REGNIER LE MEN 

Présidente de Fédération France Victimes 

Jérôme BERTIN

Directeur de Fédération France Victimes