Le 9ᵉ Forum Européen de lutte contre la Fraude : Un Engagement Collectif
Le 7 novembre dernier, dans le cadre prestigieux de l’UNESCO, s’est tenu le 9ᵉ Forum Européen de Lutte contre la Fraude, un événement incontournable organisé en partenariat avec RESOCOM. Avec plus de 150 participants – experts, institutions publiques, entreprises privées et acteurs engagés – cette journée a placé au cœur des débats un thème essentiel : La responsabilité sociétale des entreprises (RSE) dans la protection de l’identité pour une conformité éthique et durable.
INNOVATION DANS LA PROTECTION NUMÉRIQUE : COMMENT ALLIER RESPONSABILITÉ & AVANCÉE TECHNOLOGIQUE ?
Yves Le Querrec, spécialiste de l’innovation et de la dématérialisation et certificateur AFNOR, a ouvert la conférence en mettant en perspective les enjeux fondamentaux de l’identité numérique dans le cadre de la souveraineté européenne. Il a souligné que l’identité numérique représente un défi collectif qui ne peut être résolu qu’avec une collaboration étroite entre les acteurs publics, privés et institutionnels. Selon lui, la cybersécurité et la souveraineté technologique sont devenues des piliers incontournables pour garantir une confiance durable des citoyens envers les services numériques. Yves Le Querrec a notamment insisté sur la nécessité de bâtir un cadre réglementaire robuste et cohérent pour accompagner le développement de solutions technologiques sécurisées, tout en assurant leur compatibilité à l’échelle européenne.
Philippe Latombe, député et membre de la Commission des Lois, a ensuite présenté en détail le projet européen de wallet numérique, un outil clé pour uniformiser l’identité numérique à travers les 27 États membres. Inspiré des modèles américains, ce portefeuille numérique vise à offrir des fonctionnalités concrètes telles que la signature électronique, la gestion des prescriptions médicales et d’autres services administratifs dématérialisés. Il a toutefois mis en lumière les obstacles majeurs à sa mise en œuvre, notamment les disparités dans les processus d’enrôlement des différents pays membres et la réticence de certains citoyens face aux nouvelles technologies. Philippe Latombe a insisté sur la nécessité de développer des cas d’usage pratiques et sécurisés pour encourager une adoption massive. Il a également évoqué les risques de dépendance envers les solutions étrangères, soulignant que l’Europe doit impérativement proposer des alternatives souveraines pour garantir la confidentialité des données et la résilience des systèmes face à des menaces externes.
Morgan Violeau, directeur des partenariats chez LuxTrust, a mis en avant l’importance des identités digitales sécurisées et souveraines. Il a souligné que la fiabilité des processus d’enrôlement est essentielle pour établir une relation de confiance. Il a également évoqué les portefeuilles numériques européens (Digital Wallets) prévus par la réglementation eIDAS 2, en insistant sur les défis liés à la sécurité transfrontalière. Enfin, il a rappelé que l’adoption des identités digitales repose sur leur utilité concrète dans la vie quotidienne et leur capacité à inspirer confiance face à des solutions privées comme celles d’Apple.
Yann Chassy, directeur commercial de Datategy, a exposé une solution innovante pour relever les défis liés à la souveraineté des données : l’apprentissage fédéré. Contrairement aux modèles traditionnels, cette approche permet de former des modèles d’intelligence artificielle directement sur les appareils des utilisateurs sans que les données sensibles ne soient transférées sur des serveurs centraux. Selon lui, cette technologie réduit les risques d’exposition aux cyberattaques, tout en respectant les exigences du RGPD et en favorisant une approche décentralisée de la gestion des données. Yann a également souligné que l’apprentissage fédéré permettrait d’accélérer l’adoption des services numériques en Europe, tout en minimisant les vulnérabilités inhérentes à la centralisation massive des données.
Patrick Butor, haut fonctionnaire et président de la Compagnie d’Intelligence Collective Internationale, a plaidé pour une meilleure coordination internationale des normes en matière d’identité numérique. Il a mis en évidence que l’absence de standards communs en Europe et les divergences entre cadres juridiques nationaux ralentissent considérablement l’intégration des solutions numériques.
Pour Patrick Butor, une harmonisation des cadres légaux est indispensable pour garantir l’interopérabilité des systèmes et renforcer la compétitivité de l’Europe face à des puissances étrangères. Il a également appelé à une collaboration plus étroite entre les entreprises et les gouvernements pour créer des écosystèmes technologiques capables de répondre aux besoins globaux tout en assurant une souveraineté numérique forte.
Jean-Louis Revol, président d’ID3 Technologies, a axé son intervention sur la nécessité de sécuriser les documents d’identité dès leur création. Il a expliqué que des solutions hybrides combinant la biométrie, comme la reconnaissance faciale, et des technologies avancées comme les QR codes sécurisés (CEV), permettent de prévenir efficacement les falsifications et usurpations. Il a également mentionné les normes internationales qui garantissent une standardisation des méthodes de sécurité, soulignant que leur adoption est essentielle pour établir une confiance généralisée dans les systèmes numériques. Il a insisté sur le rôle clé des technologies proactives pour détecter les tentatives de fraude dès les premières étapes de leur survenue.
Jean-Christophe Trapy, président de la CPAM 13, a partagé les avancées du projet de carte vitale numérique, une initiative actuellement testée dans plusieurs régions de France. Ce nouveau dispositif vise à intégrer les données de santé des citoyens dans un système numérique sécurisé, offrant ainsi une protection accrue contre la fraude tout en simplifiant les démarches administratives. Il a détaillé les mécanismes de sécurisation intégrés, notamment le chiffrement des données et les mises à jour en temps réel, qui garantissent l’intégrité des informations. Il a également souligné l’impact positif de la carte vitale numérique sur la gestion des systèmes de santé, en rendant les échanges plus fluides et en renforçant la confiance des citoyens envers les institutions publiques.
Pierre Chassigneux, PDG de B.connect, s’est concentré sur la problématique des mots de passe, souvent perçus comme la faille principale des systèmes numériques. Il a présenté une solution innovante utilisant l’intelligence artificielle pour proposer des mécanismes d’authentification rapide et sécurisée, éliminant ainsi le besoin de mots de passe traditionnels. Cette approche garantit une confidentialité totale des données, sans qu’elles soient monétisées ou exploitées à des fins commerciales.
Pierre Chassigneux a mis en avant l’importance de solutions nationales et souveraines pour réduire la dépendance aux technologies étrangères, tout en offrant une expérience utilisateur simplifiée.
Enfin, Marie Azevedo, présidente fondatrice de RESOCOM, a conclu en mettant l’accent sur l’analyse comportementale comme outil clé pour détecter les usages frauduleux des documents d’identité numérique. Elle a expliqué que cette méthode repose sur l’observation des schémas d’utilisation des systèmes pour identifier des comportements suspects en temps réel. Marie a appelé à une coopération accrue entre les entreprises, les startups et les institutions publiques pour partager les expertises et mutualiser les ressources.
Elle a également souligné l’importance de campagnes de sensibilisation auprès des citoyens pour les informer sur les menaces et les bonnes pratiques en matière de cybersécurité, insistant sur l’urgence de répondre aux défis liés à la fraude numérique.
En conclusion, les interventions ont mis en évidence une volonté collective de bâtir un modèle européen d’identité numérique qui allie sécurité, souveraineté et innovation. De l’apprentissage fédéré à la biométrie en passant par l’intelligence artificielle, les technologies proposées offrent des solutions prometteuses aux défis actuels. Toutefois, leur succès dépendra d’une harmonisation des normes, d’une collaboration renforcée entre les acteurs publics et privés, et d’un engagement continu pour garantir la confiance des citoyens dans ces nouveaux dispositifs.
Les intervenants
Marie AZEVEDO
Présidente de RESOCOM
Yves LEQUERREC
Spécialiste de l’innovation et de la dématérialisation, Certificateur AFNOR
Philippe LATOMBE
Deputé à l’Assemblée nationale membre de la Commission des Lois
Jean-Louis REVOL
Président d’ID3 Technologies
Patrick BUTOR
Président Compagnie d’Intelligence Collective Internationale
Jean-Christophe TRAPY
Président de la CPAM 13
Yann CHASSY
Directeur des ventes DATATEGY
Morgan VIOLEAU
Partnerships & Alliances Director LUXTRUST
Pierre CHASSIGNEUX
Chief Executive Office Société B.connect