Le 9 Forum Européen de lutte contre la Fraude : Un Engagement Collectif

Le 7 novembre dernier, dans le cadre prestigieux de l’UNESCO, s’est tenu le 9ᵉ Forum Européen de Lutte contre la Fraude, un événement incontournable organisé en partenariat avec RESOCOM.
Avec plus de 150 participants – experts, institutions publiques, entreprises privées et acteurs engagés – cette journée a placé au cœur des débats un thème essentiel : La responsabilité sociétale des entreprises (RSE) dans la protection de l’identité pour une conformité éthique et durable.

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LUTTE CONTRE LA FRAUDE ET RESPONSABILITE SOCIÉTALE, UNE STRATEGIE AUXILIAIRE
L’atelier 1 du forum a ouvert sur une thématique centrale : la responsabilité sociétale des entreprises (RSE) n’est pas une option, mais un impératif stratégique et éthique, indispensable pour répondre aux pressions combinées des enjeux environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG).

Thilo Firchow, ancien magistrat, référent afnor certification et directeur général de RESOCOM, a souligné que la norme ISO 26000 offre une structure solide pour les entreprises souhaitant aligner leurs pratiques sur des standards éthiques et durables. Il a insisté sur le fait qu’en matière de lutte contre la fraude, cette norme permet de formaliser des relations transparentes et loyales avec les partenaires commerciaux, tout en réduisant les vulnérabilités liées aux risques d’abus, de corruption ou de non-conformité. Il a également insisté sur l’importance de cartographier les parties prenantes pour anticiper les conflits d’intérêts potentiels en hiérarchisant leur possible impact sur la résilience de l’entreprise. 

De son côté, Gills Robert, expert-comptable, président d’ACE4RSE et responsable de la commission RSE du Groupe Excel, a présenté les outils numériques comme des leviers puissants pour soutenir les initiatives RSE tout en réduisant les risques de fraude. Il a mentionné spécifiquement des solutions telles que la plateforme MyDad360, qui centralise et sécurise les données, ou encore le label Hosmony, qui atteste de la conformité des partenaires commerciaux aux standards éthiques et juridiques. Il a mis en avant le concept de souveraineté des données, qui garantit que les entreprises contrôlent intégralement leurs flux d’information, un aspect crucial dans le contexte des réglementations de plus en plus exigeantes sur la gestion des données (RGPD, directives européennes). Selon lui, l’adoption d’une infrastructure numérique robuste est essentielle pour préserver la compétitivité et protéger la réputation des entreprises, tout en rassurant les consommateurs et les régulateurs. 

Fabrice Pruja, chef d’entreprise et président de la CPME 66, a axé son intervention sur le rôle stratégique des petites et moyennes entreprises (PME) dans cette dynamique. Selon lui, les PME, souvent perçues comme plus vulnérables que les grandes entreprises, peuvent transformer la RSE en un avantage compétitif. Il a insisté sur le fait que, grâce à des pratiques responsables et des outils accessibles, les PME peuvent renforcer leur position de fiabilité sur le marché, attirer des partenaires de qualité et améliorer leur accès aux financements verts. En ce sens, il a appelé à dépasser la vision de la RSE comme une contrainte administrative, pour la considérer comme une opportunité de différenciation et d’innovation. 

Lydia Meziani, ancienne directrice juridique chez Nestlé et avocate, a quant à elle approfondi les aspects légaux de la RSE, en particulier à travers le prisme des nouvelles obligations imposées par le devoir de vigilance et la directive européenne CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive). Maître Meziani a expliqué que ces régulations exigent des entreprises de taille significative qu’elles mettent en place des mécanismes de vérification approfondis pour identifier, évaluer et atténuer les risques liés à leurs chaînes d’approvisionnement. Elle a mis en garde sur les conséquences juridiques potentielles d’une non-conformité, notamment les risques accrus de poursuites civiles et administratives. Selon elle, intégrer ces dimensions légales dans une stratégie RSE globale est essentiel pour garantir la durabilité des activités tout en minimisant les risques financiers et réputationnels. 

Enfin, Florence Giuliano, experte en criminalité financière, a apporté un éclairage technique sur l’apport des analyses de données avancées et de l’intelligence artificielle (IA) dans la lutte contre la fraude. Elle a décrit comment les entreprises peuvent s’appuyer sur des algorithmes prédictifs pour détecter les anomalies et les comportements suspects dans leurs processus internes et leurs relations avec les tiers. Florence a notamment détaillé les capacités des outils modernes à analyser des volumes massifs de données en temps réel, à croiser différentes bases de données pour identifier des schémas complexes de fraude, et à générer des alertes précoces pour prévenir les dommages avant qu’ils ne surviennent. Elle a insisté sur le fait que ces solutions doivent être combinées à des formations pour les collaborateurs afin de garantir une utilisation optimale et éthique des technologies. 

Cet atelier a mis en exergue une stratégie intégrée combinant innovation, conformité légale, transparence et gestion proactive des données. L’objectif est clair : créer un cadre où la RSE et la lutte contre la fraude ne sont pas seulement des initiatives parallèles, mais des composantes interdépendantes d’une démarche d’entreprise durable et résiliente. 

Les intervenants

Thilo FIRCHOW

Ancien magistrat, directeur général du Groupe RESOCOM et expert RSE 

Gills ROBERT

Expert-comptable et Commissaire aux Comptes ACE4RSE (Accompagnement Conseil Expertise) 

Fabrice PRUJA

Président la Confédération des petites et moyennes entreprises 66

Lydia MEZIANI

Ancienne directrice juridique du groupe NESTLÉ et avocate à la cour d’appel de Paris 

Florence GIULIANO 

Financial Crimes Analytics Director de SAS